Au printemps 2022, j'ai eu la chance de bénéficier d'une résidence de recherche à l'ISELP, où j'ai débuté une réflexion sur le concept d’émergence dans le domaine des arts plastiques contemporains. Pour ce faire, je suis partie de l'analyse des différents appels à projets publics et/ou subsidiés en Fédération Wallonie-Bruxelles. À partir de ce premier recensement, je suis allée à la rencontre de programmateurs et programmatrices culturels afin de connaître leurs points de vue sur cette notion d’émergence. Et en vue d’approcher au plus près de la réalité du sujet, j’ai publié un questionnaire en ligne à destination des artistes plasticiens afin de recueillir leur point de vue personnel sur leur parcours et l’impact que ces soutiens ont sur leur carrière, dans le but de dresser un panorama anonymisé de l'hétérogénéité des parcours de vie et de carrière des artistes vivant en Fédération Wallonie-Bruxelles. L'objectif étant, in fine, de proposer une définition de l'émergence qui corresponde davantage aux réalités du secteur.
Le terme émergence est, pour moi,
un abus de langage qui a trop peu de correspondances avec l’histoire de l’art et la pratique contemporaine. Il fut tout d'abord associé aux jeunes artistes fraichement diplômés voire, dans une
moindre mesure, aux pratiques artistiques naissantes. Aujourd'hui, il est utilisé de telle manière qu'on ne sait vraiment plus à quoi il se rapporte, c'est pourquoi je travaille à une tentative
de définition qui s'inscrirait dans une réalité sociale et professionnelle.
> L’idée première est de ne pas envisager le principe d’émergence selon une approche synchronique, qui ne serait à prendre en compte qu’à l’instant T – en ce compris, la jeunesse –, mais
diachronique afin d’autoriser l’établissement d’une supposée corrélation entre le parcours d’un individu et les spécificités de l’écosystème dans lequel il évolue.
> La seconde s'attache à considérer comme une inégalité structurelle le manque cruel de mesures de soutien public et d’accompagnement institutionnel proposées aux artistes âgé·e·s de 40 ans et
plus, qu’il·elle·s se situent en début ou en milieu de carrière.
Dans cette double perspective, ma recherche vise à interroger les divers critères associés à l’émergence au travers de l'étude des dispositifs de soutien en FWB, associée à une enquête de terrain
auprès d'acteurs et d'actrices culturel·le·s, avec pour objectif de contribuer à l’écriture d’un cadre plus inclusif pour les plasticien·ne·s œuvrant sur le territoire.
Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à écouter l'échange réalisé avec Mélanie Rainville sur le concept d'émergence, tel qu'il est envisagé dans le domaine des arts plastiques
contemporains en Fédération Wallonie-Bruxelles : https://soundcloud.com/iselp/constellations_davin